Pleins feux - sur la noirceur 🌘

Dans un monde de plus en plus chaotique et difficile à comprendre, on aurait envie de se tourner seulement vers l’aspect positif des choses. Et si on choisissait de faire le contraire : accueillir la noirceur plutôt que de la fuir et observer ce qu’elle contient vraiment?

C’est une phrase attribuée à Valarie Kaur, militante et penseuse engagée pour la justice et le pouvoir transformateur de l’amour, qui m’a fait avancer dans cette réflexion:

« Et si cette obscurité n'était pas celle du tombeau, mais celle du ventre maternel ? »

Comme la beauté est dans l’œil de celui qui observe… si on regardait différemment ce qui semble négatif, n’y verrait-on pas quelque chose d’utile, et même nécessaire? Peut-être même quelques pépites de lumière.

Écologie du négatif

Quand on y pense, ce que nous qualifions de négatif n’est souvent qu’un moment dans un cycle : la nuit prépare le jour, l’hiver nourrit le printemps. On ne peut pas créer du nouveau, du mieux, sans déconstruire ce qui existe.

Dans nos vies, dans notre travail, qu’arriverait-il si on célébrait ces moments plus confus ou plus rudes, où l’on doit traverser, bousculer ou déconstruire des choses pour avancer?

Observer autrement ce qui nous semble négatif

Dans ce que nous percevons comme obscurité, il y a en réalité trois dynamiques essentielles à la vie : la destruction, l’arrêt et l’éclosion.

• 🧨 La destruction : Souvent perçue comme une perte, elle crée pourtant un espace vide nécessaire à la reconstruction. Comme une forêt qui renaît après un incendie, une graine qui fend la terre pour germer ou un oisillon qui brise sa coquille, certaines destructions sont en réalité des passages obligés vers une renaissance.

  
  

• ⏸️ L’arrêt : C’est le moment où tout semble figé, où nous devons ralentir et prendre du recul avant d’agir. Comme l’hiver qui force la nature au repos, la période de gestation d’un enfant ou le sommeil qui nous régénère, ces périodes d’arrêt sont essentielles pour accumuler l’énergie nécessaire au renouveau.

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• 🐣 L'éclosion : C’est l’émergence d’un projet, d’une idée ou d’un changement. Un effort souvent invisible, dans le noir, quand on ne sait pas encore si quelque chose en émergera. Comme la chenille qui pousse son cocon, la naissance d’un enfant ou la fonte des neiges au printemps, ce moment imprévisible ne peut être forcé. Il doit être accueilli.

En excès, ces dynamiques peuvent entraîner la stagnation ou menacer la pérennité des systèmes. Mais bien dosées, elles contribuent en fait à un cycle fluide et fertile.

Voir dans le noir

Les paradoxes du négatif : une lumière insoupçonnée

Quand on regarde de près, les expériences qui semblent négatives sur le moment s’avèrent être des points de bascule essentiels. Elles ne sont jamais faciles à traverser, pour personne, mais elles portent toujours en elles une invitation à l’évolution. 

Parmi elles, quatre reviennent constamment :

✅ Les émotions désagréables qui nous bousculent

✅ Les conflits qui nous opposent à l’autre

✅ Les défauts que nous cherchons à cacher

✅ Les obstacles qui nous ralentissent ou nous forcent à revoir notre trajectoire

Plutôt que de les fuir ou de les cacher, j’ai appris qu’il faut d’abord oser les regarder pour comprendre ce qu’elles ont à nous offrir.

Les émotions désagréables : des messagères à écouter

Dès l’enfance, on nous inculque de cacher nos émotions. On incite les garçons à ne pas pleurer, les filles à ravaler leur colère. Dans le monde du travail, on préfère les taire.

Pourtant, la tristesse, la peur et la colère sont des indicateurs puissants. Comme des feux de signalisation, elles nous indiquent quelque-chose d’important: un besoin insatisfait, une limite franchie ou une situation qui demande un ajustement. 

Elles surgissent parfois comme une tempête intérieure, bousculant notre équilibre et nous forçant à ralentir. Plutôt que de les ignorer, elles méritent qu’on prenne le temps pour mieux comprendre ce qui se joue en nous, afin d’oser agir de façon plus consciente.

Nos défauts : des facettes inexplorées de nous-mêmes

Il m’a fallu des années pour comprendre que ce que je percevais comme un défaut n’était pas nécessairement un problème.

Nous avons tous tendance à juger certains traits de notre personnalité :

➡ Trop émotif, trop réservé, trop impulsif, trop exigeant…

Ces jugements, souvent ancrés dès l’enfance, nous poussent à lisser nos aspérités pour correspondre aux attentes. Pourtant, ce que nous considérons comme des limites peut aussi être une richesse mal comprise.

Nous ne sommes pas des jardins bien taillés, mais des forêts pleines de ressources. Et si ce que nous percevons comme une faiblesse était en réalité notre manière unique d’être au monde ?

En accueillant qui nous sommes, sans chercher à nous conformer, nous ouvrons la porte à une authenticité plus assumée.

Les conflits : des tensions nécessaires à l’évolution

« Pas de chicane dans la cabane ! » 🤐 Beaucoup de cultures valorisent l’évitement du conflit. Mal géré, le conflit peut être destructeur. Toutefois, s’il est bien abordé, il peut être une source de transformation et d’innovation.

Avec mes clients, je distingue toujours conflit et confrontation.

🔹 Un conflit est une situation de tension ou de désaccord, bien qu’il puisse parfois être visible, il est souvent latent ou non exprimé

🔹 Une confrontation est une mise en lumière volontaire des différences et des désaccords.

Quand elle est bien menée, la confrontation permet de clarifier les perspectives et d’ajuster les relations. Elle transforme les tensions en dialogue et en création.

Les obstacles et erreurs : des pivots pour grandir

Quand nos plans échouent, nous avons tendance à voir cela comme une difficulté ou un échec. Pourtant, ce sont précisément ces obstacles qui nous amènent à nous dépasser.

Une erreur peut être frustrante, mais c’est aussi une opportunité d’apprentissage. Un obstacle peut sembler insurmontable, mais il nous force à explorer de nouvelles voies.

Ces moments imposent une pause, une remise en question, un temps d’acceptation. Puis, peu à peu, ce qui semblait être un échec devient l’occasion d’une émergence, d’une approche plus ajustée et plus alignée.

Trouver l’harmonie dans les contrastes

Le symbole du yin et du yang nous rappelle que toute force contient en elle son opposé complémentaire.

• L’ombre et la lumière sont indissociables.

• La tristesse nous aide à accepter ce qui n’est plus, pour que la joie puisse revenir.

• La colère nous pousse à agir, pour que l’harmonie puisse se rétablir.

• L’hiver prépare le printemps, comme le repos prépare l’élan.

Nous avons tendance à opposer le positif et le négatif, à voir l’un comme désirable et l’autre comme un obstacle. Pourtant, ces forces sont interdépendantes.

L’essentiel n’est pas d’éliminer ce qui nous semble négatif, mais d’apprendre à naviguer entre ces pôles. Car souvent, les défis d’aujourd’hui sont les germes des solutions et des innovations de demain. 

D’ailleurs, on peut facilement oublier que le positif comporte, lui aussi, une part d’ombre! Cette réflexion se poursuit à rebours dans mon article Le côté obscur de la lumière…✨