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Le côté obscur de la lumière ☀️

Dernière mise à jour : 30 mars


Dans un monde en perpétuelle turbulence, la positivité perpétuelle est souvent perçue comme un idéal à atteindre. Nous cherchons à maximiser l’harmonie, la réussite et la croissance, et à les maintenir coûte que coûte. Mais est-ce toujours pour le mieux?

Ce passage du Tao Te Ching, de Lao Tseu, philosophe à l’origine du taoïsme, qui met l'accent sur la simplicité et l'harmonie avec la nature, m’a amenée à y réfléchir: 

«Quand le peuple reconnaît la beauté comme beauté, il y a déjà la laideur; quand il reconnaît le bien comme bien, il y a déjà le mal.»

Et si nous posions un regard plus critique sur ce qui semble positif? Pourrait-on percevoir aussi la part d’ombre qu’il recèle? Sans tomber dans le pessimisme, notre vision n’en serait-elle pas plus claire?


Feuilles et complexité

Écologie du positif

On oublie vite que le positif n’est qu’un moment dans un cycle. La pleine lune prépare la nouvelle, l’été précède l’automne. On ne peut maintenir le statu quo, aussi bénéfique soit-il, indéfiniment.


Dans nos vies, dans notre travail, qu’arriverait-il si on était plus vigilants durant ces moments plus fertiles où ça va bien, où on avance, où on construit?


Orchestrer les mouvements du vivant

La nature est en perpétuel mouvement, façonné par trois dynamiques positives essentielles: l’expansion, l’intégration et la transmission.


  • 🌿 L’expansion : Lorsqu’un projet prend de l’ampleur, nous célébrons sa croissance. Comme une plante qui s’étire vers la lumière ou un fleuve qui s’élargit avec ses affluents, l’expansion est perçue comme un succès. Toutefois, lorsqu’elle est trop rapide, elle peut fragiliser les fondations et épuiser les ressources essentielles à la pérennité du système.


  • 🔄 L’intégration : Après chaque transformation vient le temps de l’assimilation. Comme un arbre qui épaissit son écorce et nourrit ses racines, l’intégration permet de solidifier ce qui a été acquis. Mais lorsqu’elle mène à la rigidité, elle fige plutôt qu’elle n’adapte, empêchant l’évolution et freinant les ajustements nécessaires au changement.


  • La transmission : Rien n’est figé: ce qui a été acquis se transmet pour nourrir ce qui vient. Comme un arbre dispersant ses graines, une rivière transportant des nutriments ou une culture qui se perpétue. Mais lorsqu’elle devient une contrainte, elle enferme au lieu de libérer: une culture d’entreprise trop rigide freine l’innovation, et des processus reproduits sans questionnement empêchent l’adaptation aux nouveaux défis.


Tout comme la nature ne connaît pas de croissance infinie sans rééquilibrage, nous devons apprendre à reconnaître les nuances et les limites de chaque dynamique.


Aveuglés par la lumière

Les illusions du positif: des ombres insoupçonnées

En y regardant de plus près, ce que nous considérons comme positif n’est pas toujours aussi lumineux qu’il y paraît. Nous les célébrons sans toujours nous rendre compte qu’ils peuvent nous enfermer autant qu’ils nous élèvent. Derrière se cachent parfois des pièges subtils. 


Quatre d’entre eux reviennent constamment :

✅ Les émotions positives à tout prix qui nous empêchent d’accueillir toute la palette du vivant

L’harmonie apparente qui masque les tensions et empêche l’évolution

✅ Les qualités personnelles poussées à l’extrême qui deviennent des contraintes

✅ Le succès qui, au-delà de la satisfaction, s’accompagne souvent d’une pression invisible


Plutôt que de les poursuivre aveuglément, apprendre à en reconnaître les limites permet de mieux naviguer entre ombre et lumière.


Le positivisme toxique : le miroir aux alouettes

Dès nos premiers pas dans le monde, nous apprenons à afficher le sourire et à contenir les larmes. Les émotions agréables sont valorisées et encouragées, tandis que celles qui dérangent sont souvent tues ou réprimandées.


Pourtant, les émotions dites négatives ont une fonction positive et sont essentielles à notre équilibre. Elles signalent un besoin non comblé, une limite franchie ou une situation nécessitant un ajustement. 


Grâce aux neurones miroirs, nous captons et reflétons inconsciemment les émotions des autres. Un sourire sincère apaise, tout comme une tension non exprimée peut peser sur un groupe. 


Partagées avec justesse, nos émotions créent des liens et du sens. Mais lorsqu’elles sont forcées – comme un optimisme excessif –, elles risquent d’amplifier une injonction au bonheur qui, au lieu de rassembler, isole. 


Accueillir toute la palette des émotions, sans excès ni rejet, permet d’agir avec plus de justesse et de lucidité.


L’harmonie apparente: une contrainte qui étouffe

Très tôt, nous comprenons que le silence est préférable au désaccord. On valorise ceux qui arrondissent les angles et désamorcent les tensions, quitte à étouffer ce qui doit être dit.


Mais un climat paisible peut cacher des tensions inexprimées. Comme une rivière dont le courant semble calme en surface, mais qui charrie des torrents invisibles, une harmonie de façade peut empêcher l’expression des désaccords et freiner l’évolution. Trop de consensus conduit parfois à la stagnation et freine l’émergence d’idées nouvelles.


Plutôt que de rechercher l’harmonie à tout prix, il est essentiel d’apprendre à accueillir la diversité des points de vue, même lorsque cela crée de l’inconfort. C’est dans ces frictions que naît l’innovation.



Les qualités personnelles : des forces qui peuvent devenir des contraintes

Nous développons nos qualités avec fierté.  Être persévérante, empathique ou confiante sont des traits que nous cultivons et qui finissent par nous définir. Dès l’enfance, on nous répète qu’elles nous aideront à avancer, à réussir, à être appréciés, à être aimés


Pourtant, toute qualité poussée à l’extrême peut devenir un piège. Comme un arbre qui s’étire vers la lumière jusqu’à en fragiliser ses racines, trop de rigueur mène à l’intransigeance, trop d’empathie à l’épuisement, trop de confiance à l’aveuglement. Ce qui nous sert dans certaines situations peut nous desservir dans d’autres.


Une qualité qui croît sans tenir compte de son environnement finit par perdre sa fonction première. Elle a besoin d’être modulée, intégrée dans un contexte vivant, ajustée à la réalité du moment. Et c’est souvent dans la relation aux autres – dans les échos que nous recevons, les rétroactions, les limites qu’on nous renvoie – que cette intégration devient possible.


Plutôt que de chercher à incarner une version idéale de nous-mêmes, il est plus fécond d’habiter les facettes de notre personalité avec souplesse. L’élan est précieux, mais l’adaptation l’est tout autant. Une qualité est précieuse lorsqu’elle respire, pas lorsqu’elle devient un carcan.


Le succès et la tyrannie de la perfection: une pression invisible

Depuis toujours, nous associons le succès à la reconnaissance, à l’accomplissement, à une forme d’épanouissement personnel et professionnel. Réussir est perçu comme une finalité: atteindre un objectif, gravir les échelons, dépasser ses propres limites. Mais derrière cette quête se cache souvent une autre exigence, plus insidieuse et inatteignable: celle de la perfection.


Le culte du succès devient une ascension sans fin où chaque sommet en appelle un autre, et où la moindre descente est perçue comme un échec. L’excellence peut rapidement nous emprisonner dans des attentes toujours plus élevées, au risque de s’épuiser. Chercher à maintenir une performance parfaite fige l’évolution, alors que c’est dans l’imperfection que naissent les plus grandes avancées.


Plutôt que de voir le succès comme un aboutissement, il est essentiel de le considérer comme un processus vivant, fait d’ajustements, d’apprentissages et de respirations. Accepter que l’excellence n’est pas un état fixe permet de se libérer du poids de la perfection pour avancer avec plus de souplesse et d’authenticité.


Contempler l’ombre créée par la lumière

Dans la philosophie du yin et du yang, c’est le mouvement d’une force qui permet à l’autre d’émerger. L’élan naît du repli, l’action de la réflexion, et l’expansion de la contrainte.




  • La lumière guide, mais c’est l’ombre qui révèle les reliefs du chemin.

  • L’enthousiasme nous pousse en avant, mais c’est le doute qui affine nos trajectoires.

  • L’harmonie apaise, mais c’est la friction qui permet le mouvement.

  • L’expansion ouvre des horizons, mais c’est l’arrêt qui permet l’intégration


L’important n’est pas de maximiser sans cesse ce qui semble positif, mais de savoir quand accélérer et quand ralentir. 


N’oublions pas que ce sont les solutions d’hier qui causent les problèmes d’aujourd’hui. Parfois, trop de lumière finit par aveugler.


D’ailleurs, on est souvent ignorants du fait que le négatif comporte, lui aussi, une part de lumière! 


Dans mon article Lumière sur l’ombre, je me penche sur l’envers de la médaille… ✨



 
 
 

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